• Les feux de l'armure, de Olivier Boile

    Les feux de l'armure, de Olivier Boile

     

     

     

     

    Comment aborder ce livre, qui refuse délibérément de se prendre au sérieux ?

    Et bien, en l'ouvrant, pour commencer, et en lisant quelques premières pages, peut-être ?

     

    Godefroi Brouillon, un jeune chevalier, est le héros de cette histoire Moyennageuse.

    Nous voici présentement au Royaume de Francofonie, lequel se trouve être entouré, comme vous le savez certainement déjà, de la Confédération Ritalique, au delà des frontières de la Province d'En-Bas-A-Droite. Au Nord, de l'autre côté du Bras de Mer, s'étend bien entendu le Royaume de Youkay. A l'Est - quoi d'autre ? le Sacré Empire Teutonien, et sa célèbre capitale, Ichbineinberliner. Faudrait-il encore mentionner, loin au Nord, les bien nommées Plaines Gelées d'Aguendace ?

    Ces quelques considérations géographiques ne doivent pas vous effrayer ; lorsqu'un spécimen de ces peuplades se présentera à vous, vous vous rendrez compte qu'il n'est nul besoin, pour s'imprégner de sa culture nécessairement exotique, de prendre des notes à tout va ; ainsi qu'on le ferait, par exemple dans un de ces "grands" romans de fantasy anglo-saxonne. Non, ce livre fait le plus souvent appel au sens commun, et à notre fond plus ou moins maigre de culture générale. Nos voisins maniérés, les Britiches ne sauraient ainsi échapper au soupçon de préférer par dessus tout, à la guerre, les relations entre hommes. Le tout après la bataille, et après une tasse de thé, cela va sans dire.

    Nous voici donc débarassés d'une certaine Fantasy qui tâche. Etant donné qu'un tel objet, comme celui qui se présente alors à vos yeux, reste rare sous nos latitudes -du moins avec une large diffusion (parce que pour ma part, c'est à la Fnouc que je l'ai trouvé), il est de bon ton de le préciser : ceci n'est pas une traduction d'un énième avatar de Lord of the Ringards. Oui, avec de telles références, et un humour qui semble parfois inspiré, par saillies, du ton d'un Desproges, on se doute que l'auteur est français.

    Revenons donc à Godefroi Brouillon :

    Un héros ... tout ce qu'il y a de plus concerné par son statut de futur chevalier du royaume de Francofonie. Enfin, encore faudrait-il qu'il réussisse à passer son adoubement, d'abord...

    Sa génitrice est une vieille sorcière acariâtre, qu'il persiste à appeler maman. Elle le lui a suffisamment répété, avec la tendresse requise : il n'est qu'un bon à rien. C'est le genre de commentaires que l'on recueille dans son entourage, lorsque que l'on a déjà échoué trois fois à l'examen terminal de chevalerie !

    Lorsque l'on entend Godefroi déblatérer sur la noblesse du rang auquel il aspire, et sur la noblesse de ses futures activités guerrières, c'est avec la morgue d'un chevalier confirmé qui aurait, dans le même temps, oublié qu'il parlait avec un doigt dans le nez, et trois années de retard sur ses petits camarades. La minute d'après, notre cumulard parvient encore à nous confier que, ce qui l'attire certainement le plus, dans la chevalerie, c'est encore le port de l'armure.

    Ajoutez à cela que son cheval, Rodomontade, ne s'exprime que par cadavres exquis.

    Mais où cela va-t-il l'amener ?

     

    "Les Feux de l'Armure" seraient à ranger parmi les romans de "Fantasy humoristique".

    Si "Fantasy" permet de nous situer quelque peu en termes de lectorat, y accoler "Humoristique" nous voit, cette fois-ci, définitivement convoqués du côté d'un Terry Pratchett, par exemple. N'étant pas vraiment un connaisseur de ce genre de littérature (mes références s'arrêtant justement à Pratchett), je ne saurais dire si l'on marche, avec ces Feux de l'Armure, dans les pas d'un grand maître ou d'un autre.

     

    Quoiqu'il en soit, il n'y a pas loin de dire que dans ce livre, la moindre phrase est pensée pour faire rire, et que cela a parfaitement fonctionné pour ma part, d'un bout à l'autre.

     

    En pensant devoir passer son chemin, mettons, à cause d'une étiquette "Fantasy" un peu réductrice, on risquerait de passer à côté d'un moment de lecture plutôt jouissif.

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