• Mauvaise humeur, ou "Klosterheim", de T. De Quincey

    Je viens de terminer Klosterheim, de Thomas de Quincey.
    Et bien, je ne le conseille pas vraiment, surtout à ceux qui pourraient être attirés par sa présence au sein d'une collection recelant de nombreux trésors ( Domaine Romantique - Editions José Corti ).

    Ca se déroule durant la guerre de Trente ans, en Allemagne. La ville de Klosterheim est aux mains d'un Landgrave tyrannique et, par ailleurs, gagné à la cause des suédois. La région traversant une période de calme, il semble que le train des alliances, des calculs belliqueux soit à l'ordre du jour chez le maître de la ville.


    Ca commence pas mal : une échauffourrée en pleine ville, entre un colonel de la milice locale et un groupe d'étudiants qui entendent protester contre l'une des dernières décisions du Landgrave.

    Sauf que si, comme une certaine majorité de lecteurs, vous vous aventurez à lire la quatrième de couverture, autant dire que le bouquin est bon à être reposé.

    Alors oui, on peut apprécier le style, les développements ménagés par la plume de l'auteur, ses incursions presque obligées et poussives du côté de l'émotion, ou du théâtral, où on peut lui reconnaître davantage de succès ... il n'empêche que je commence à en avoir sérieusement marre de ces quatrièmes de couverture qui s'appliquent à torcher un suspense de trois cent pages, en un minimum de mots ; comme si l'objet qui se présentait sous nos yeux n'avait absolument rien à gagner, à garder pour lui et ses dernières pages la plus grande part de son mystère.

    C'est vrai, c'est d'une futilité, le fin mot de l'histoire ! Laissons cela aux enfants - à qui d'autre sinon ?
    Non, c'est beaucoup mieux en sachant tout à l'avance ; après tout, il n'y a pas de raison qu'on se martyrise moins les sphincters qu'un critique de cinéma blasé et adepte de la rétention.

    Cette manie de tuer des livres avec des PRé-faces pédantes, des quatrièmes de couverture pleines de spoilers me révulse au plus haut point. On croirait que ces livres sont des objets d'étude, des séquences expiatoires, bien avant de s'autoriser à être des moments de plaisir, qui pourront éventuellement être suivis d'une mise en perspective, ou de je ne sais quoi, oui, d'accord ...

    Et la préface de vous expliquer que T. De Quincey avait choisi de ne pas inclure Klosterheim dans ses oeuvres complètes, que c'est une sorte de roman de gare de l'époque - j'exagère un peu. Entre vos mains, donc, un roman dont le moindre intérêt, et avec, le plaisir manifestement coupable de le consommer, se trouvent confisqués par un imbécile d'éditeur drapé dans - quoi ? Je ne sais pas. Ce n'est même pas de l'élitisme, puisqu'il ne fait pas mystère quant à la fonction "alimentaire" de son écriture (qui reste l'écriture de De Quincey, soit ...).

    Et donc, il a le culot de vous le fourguer comme si vous alliez souscrire à ses intentions et à ses caprices d'atrabilaire/mauvais malade, en dévidant une série de monologues vides et terminant sur un suprême argument : "untel s'est pâmé devant Klosterheim".


    Et bien, donc, MOI, je ne vous recommande pas Klosterheim.

    Sauf peut-être si vous promettez de ne pas lire ce qui fait office de quatrième de couv' (vicieusement maquillée en petite page de garde, derrière la couverture.) 

     

    « On le sent arriver ... Dublinois »

  • Commentaires

    1
    Dimanche 12 Mai 2013 à 14:09

    "Cette manie de tuer des livres avec des PRé-faces pédantes, des quatrièmes de couverture pleines de spoilers me révulse au plus haut point. On croirait que ces livres sont des objets d'étude, des séquences expiatoires, bien avant de s'autoriser à être des moments de plaisir"

    Je suis on ne peut plus d'accord avec cette remarque. On dirait qu'il y a une sorte de complexe de supériorité chez ces éditeurs/chercheurs, qui fait qu'ils se sentent toujours au-dessus de l'oeuvre. Ils en sont revenus, ils l'ont comprise.

    Je pense que c'est lié au mythe du Progrès. On ne peut pas admettre que le passé puisse nous en remontrer, sur quoi que ce soit. C'est le même raisonnement qui conduit, par exemple, à ceci : http://www.flickr.com/photos/psanson/4290735253/

    2
    Lundi 20 Mai 2013 à 23:48

    Pour le coup, si j'avais une vague idée de ce qu'il pouvait signifier, je suis allé faire un tour du côté d'internet pour en apprendre un peu plus sur le mythe du Progrès.

    Je pense avoir une petite idée, mais en quoi exactement cette photo que tu as mise en lien s'y rattache ? "Modernité", aménagement de l'espace discutable ... ? Architectures ?  

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