• Dublinois

    Les gens de Dublin

     

    "Dublinois", ci-nommé en édition Folio, ou encore "Gens de Dublin" pour d'autres éditions (et traductions ne se limitant pas à un changement de titre).

    J. Joyce a sans doute réservé pour d'autres de ses livres (Ulysse en tête, j'imagine) la visite du Dublin typique. Ces habitants lui ont, en revanche, certainement permis de faire parler l'époque (c'est décidément le leitmotiv du moindre de ces billets de "chronique", mais je ne connais pour ainsi dire rien de celle-ci.), et de puiser dans ses souvenirs, dans son expérience, la matière d'un livre composé d'une quinzaine de nouvelles.

    Dublin est censée y être représentée de bien des manières, à travers ses habitants, donc. Ou bien encore au moyen des scènes typiques que la ville offre à voir, sinon des vies typiques qui s'y déroulent, avec leurs déboires si désespérément communs, parfois.

    Il ne faut pas attendre une grande lumière des destins révélés ici, mais plutôt de modestes éclaircies, où affleurent une compréhension, le sentiment presque palpable que dans ces vies, quelque chose vient de se passer. Quelque chose de fugitif, de très dense à la fois, un évènement qui semble faire basculer la perception même que l'on peut avoir de son existence. Quelque chose qui touche à la vérité suprême de l'instant, propre à effacer le tableau, pour le restituer après, identique et pourtant profondément changé ; où l'existence replonge dans un flot "heureux", indifférencié. Le quotidien, peut-être, d'une certaine façon, armé ou blessé d'une découverte qu'il s'efforce de domestiquer. L'une de ces expériences qui à la fois donnent à la vie cette sensation de continuité, jamais mieux éprouvée qu'au contact d'un épisode dramatique, voire heureux, et à la fois la sensation de dommage irréparable, de cassure que provoquent certains accidents de l'âme.

    A la lumière de ces évènements, souvent de la chute même où veut nous amener la fin de la nouvelle, une grande mesquinerie, une cocasserie sans nom, le souvenir d'une douleur inextinguible - peu importe que les forces agissantes soient issues du hasard ou d'une volonté farouche, voire de motivations douteuses - auront le fin mot de l'histoire. J. Joyce s'approche parfois de ces moments insignifiants qui content tant dans une vie peu remplie, ou bien révèle, au grand bouleversement de ceux qui traçaient leur route dans le noir, les précipices qu'ils cotoyaient sans le savoir.

     

    Faussement léger, touchant et emprunt de pudeur. C'est à lire et à relire ... d'ailleurs prioritairement (si vous y arrivez !) à relire, vu que la première fois, je suis pour ma part passé complètement à côté.

     

    « Mauvaise humeur, ou "Klosterheim", de T. De QuinceyObsidio, de Johan Héliot »

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