• Après Cityville ... Blaguàparts

    Blaguàparts, Don Lorenjy

     

     

     

    Un recueil de nouvelles paru chez Griffe d'Encre. Griffe d'Encre, un éditeur "confidentiel" dans le vaste monde de l'édition, mais qui l'est déjà beaucoup moins chez les amateurs de SF. Avec un, deux F en plus si ça vous chante : mais décidément, coller du SFFF autrement que dans un but pratique sur un "papier", ça m'emmerde un peu (moche). Donc oui, Griffe d'Encre fait de la SF, de la Fantasy et du Fantastique, bien qu'ils tendent à s'affranchir des catégorisations trop nettes. La plupart du temps, leurs publications suivent une ligne éditoriale moins évidente qu'un Mnémos, par exemple. Et ce sans parler de qualité, bien qu'avec Griffe d'Encre, elle soit tout à fait au rendez-vous. Ajoutez-y de l'originalité, un réél engagement pour la littérature SFFF (ça y est) d'origine française ou francophone ; bref, un éditeur "à suivre", comme on s'entend souvent le dire à propos de ceux qui, depuis plusieurs années déjà, oeuvrent dans l'ombre et de la meilleure des façons. Il n'est jamais trop tard pour bien faire, et plutôt que de parler de ces chers morts illustres ...

     

    Blaguàparts est un recueil de nouvelles signé Don Lorenjy ; vous connaissez certainement ce pseudo, derrière lequel se cache Laurent Gidon, l'auteur des Djeeb, et de Aria des Brumes au défunt Navire en Pleine Ville(que je n'ai pas lus. Pas encore.). Peut-être le connaissez-vous aussi  pour ces nouvelles commises chez Parchemins et Traverses, dans "Tourmaï Transfert" ou "Cityville est calme ce soir" ...

    Avec Blaguàparts, l'objectif est simple : faire rire, oui, certainement. Mais surtout, de se moquer des travers humains, pas forcément de ceux de l'individu esseulé (bien qu'il ne soit, à l'occasion, guère épargné non plus) mais plutôt de ce que nos multitudes organisées ont fomenté de risible, de pathétique au gré de leur évolution et du... progrès. On n'y oublie pas non plus de poser sur ces pauvres humanités un regard à la fois cynique et bienveillant ; après tout, il s'agit bien d'une mascarade, et les agitations un peu désespérées ont quelque chose de touchant, automatiquement !

    Sans jamais passer pour moralisateur, l'auteur a donc concocté seize nouvelles, avec pour la plupart un cadre futuriste, voire apocalyptique pour une ou deux d'entre elles. Ne vous attendez pas à des univers "léchés" (je déteste cette expression, qui semble si bien convenir ici), ces textes "brossent" (sic) des portraits plutôt situationnels, où l'accent a été mis sur une certaine efficacité narrative ; ce sont des textes vivants, où la bonne humeur s'est souvent incrustée ; de petites machines huilées que l'on lit sans aucun problème, avec réjouissance parfois, quand la trouvaille est là. Aléas de notre société organisée autour de priorités économiques, profondeurs insondables des délégations de responsabilité bureaucratiques, logiques néo-libérales prévalant dans des croisières spatiales organisées ; commandos galactiques à l'équipage gentiment barré, rencontres chaotiques avec des extraterrestres, démonstrations faites du bordel occasionné par leur réception officielle sur Terre. Don Lorenjy se moque de tout, y compris de l'auteur et de ses ficelles ; à l'occasion, un texte nous plonge de façon plus crue dans notre condition humaine, nous inquiète (Dis-apparitions), ou s'étend sur une poétique de la création artistique, vue dans sa prime enfance et entendue comme expérience de vie, pour finalement y voir cohabiter différents niveaux de lecture ...

    De bons moments de lecture pour ma part.

    Ce que je pourrais reprocher à Blaguàparts, c'est de parfois se vouloir drôle, de façon un peu trop appuyée, passant par des périphrases insistantes sur l'objet du rire tel que le texte semble nous le proposer : problème de forme qui m'est sans doute personnel.

    L'incursion d'un langage parfois familier, bien qu'amené avec talent, ne me convainc pas systématiquement ; problème de références, ou de ce que je peux considérer comme drôle à l'écrit. Le fond me plaît beaucoup, la forme parfois moins. Evidemment il ne s'agit pas d'un problème d'écriture : tout se tient parfaitement.

     

    Un recueil plaisant, à découvrir. A noter qu'il en existe d'autres critiques autrement plus dithyrambiques !

    Si il y a du nouveau, j'en reprendrais dans tous les cas. Et je sais déjà que je vais le relire.

     

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