• J'ai "abandonné" ...

     

    Lavondyss, de Robert Holdstock

     

     

    J'ai abandonné ...

     

    Pour la seconde fois.

    La faute à qui ? Au livre, à moi ?

    Je ne saurais pas trop le dire. C'est vrai quoi, c'est assez délicat parfois, de savoir ce qui procède de l'humeur, ou du livre.

    Allez, un peu de courage ... c'est sans doute les deux, dans ce cas là !

    Je l'ai abandonné une première fois en me disant que j'avais pris le livre dans ma bibliothèque par dépit, plus que par envie de le découvrir. J'en avais avalé alors une petite moitié. Il vient de se reproduire la même chose.

    Pourtant, ça ne manque pas de charme. Je me suis rendu compte que le premier volet de la série, "la Forêt des Mythagos", se suffisait bien à lui même. Je n'y ai certes pas trouvé exactement ce que je comptais y trouver ( ce qui n'a rien d'étonnant, trouve t-on jamais CE à quoi on s'attendait dans un livre ? Oui, ça arrive, m'enfin ...), mais il m'en est resté une idée, un fil qui sous-tend l'histoire des Huxley, telle qu'elle nous est présentée alors. Une forte impression onirique, qui n'a pas tant que ça à voir avec l'histoire en elle-même, toute tournée vers l'aventure, le mystère primoridal tendant à vite disparaître au profit de l'hallucination fantasy (je vais un peu vite, oui).

    Dans ce premier volet, on plonge rapidement dans la forêt. On se dit que l'auteur aurait pu nous y faire entrer de façon plus subtile. Ou pas, mais c'est ce que je me suis dit ; et j'ai été entendu pour Lavondyss.

    Lavondyss, le nom de la contrée ultime évoquée dans le T.1, se retrouve donc dans un titre. On craint un peu pour cet ultime, cet indicible supposé, source de tous les mythes. Son évocation ne suffit-elle pas, d'ailleurs ? Veut-on y rentrer, et découvrir que ses paysages sont semblables aux notres, simplement plus anciens, peut-être ?

    Mais l'heure, n'est pas, donc, à une telle plongée. Tallis Keeton, l'héroïne, est une toute jeune fille lorsque commence l'histoire. Son nom vous rappelle qu'une filiation se fait entre le Harry Keeton du premier et elle-même ; ils sont frère et soeur.

    Les Keeton, autant que les Huxley peut-être, ont une histoire familiale très liée à la forêt, et marquée par la disparition d'un jeune fils, Harry donc. Egalement un grand père obsédé par les légendes, mort au pied d'un arbre sous la neige, en plein hiver.

    Fallait-il que l'auteur nous emmène au plus vite dans la forêt ? Certaines ou certains n'attendaient peut-être que ça. Le mystère s'étant déjà dissipé une première fois dans un premier tome, il lui a peut-être fallu entreprendre son histoire d'une manière différente. Ainsi Tallis Keeton dans ses vertes années ...  vivant comme une enfant de son âge, et regardant souvent du côté de la lisière Ryhope.

    Ainsi, une lente découverte de la forêt, de son appel. Des jours tristes car entravés, où l'enfant ne peut se satisfaire d'être ce qu'il est, l'attente de vivre peut-être, l'oubli de sa condition enfantine, peut-être encore. La lisière, où apparaissent des visages masqués, des ombres furtives.

     

    Nous la rencontrons par une journée ensoleillée, dans les champs, auprès d'un vieil homme qui, depuis plusieurs jours, se promène dans les environs. Ce n'est pas tant l'éloquence de Tallis qui le fascine et attise sa sympathie pour elle. En effet, l'amusement qu'il éprouve à l'écouter raconter ses étranges histoires ne va pas sans une certaine perpléxité.

    Tallis connaît des légendes ; mais Tallis n'est pas comme une enfant qui reprendrait à son compte les histoires qui lui ont été racontées. Elle parle des pierres, d'un passé immémorial. L'imagination d'un enfant, toute débridée soit-elle, à de quoi fasciner M. Williams, qui surprend en elle des attitudes très sérieuses ; Tallis ne fait pas que jouer. Elle a nommé les différentes prairies et herbages qui découpent le secteur, avec des noms mystérieux, qui lui ont été "soufflés". Des noms qui attendaient dans l'air, désignant de tous temps les lieux. Une mémoire du sens et de la signification ; une piste. Il existerait un Antique Parage Interdit, dont Tallis défend à son interlocuteur de prononcer plus de trois fois le nom dans une même journée.

    Elle ne fait qu'apprendre, avec sa sensibilité d'enfant, ce qu'est la forêt. Les environs lui dispensent un enseignement, saison après saison ; des mythagos lui apparaissent.

    L'Antique Parage Interdit, dont Tallis devient peu à peu persuadée qu'il sert de retraite involontaire à son frère disparu, se manifeste parfois en faisant souffler auprès d'elle le grand froid de ses limbes, l'odeur de son éternel hiver, quelques secondes durant au coeur de l'été anglais.

     

    Cette partie dure quelques trois cent pages, tout de même. Non pas que ça soit ennuyeux, même si le temps que semble se donner l'auteur, pour le coup, est à la fois une bonne et une "mauvaise" idée. C'était simplement trop long, même si cette fois j'ai terminé la première partie du récit. Et je me suis arrêté devant ces vers de Walt Whitman.

    [...]

    all is a blank before us;  
    All waits, undream’d of, in that region—that inaccessible land

      C'est ici que je reprendrais, la prochaine fois !

     

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